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Le Jardin de Delphine
19 décembre 2010

Le français au siècle des Lumières

 

Le français au siècle des Lumières (1715-1789)

Le siècle des Lumières débuta en principe au lendemain de la mort de Louis XIV, en 1715, et prilumieres_sieclet fin à l’avènement de la Révolution française en 1789. Cette période se caractérise, d'une part, par un fort mouvement de remise en question ainsi que par l'établissement d'une plus grande tolérance et, d'autre part, par l'affaiblissement de la monarchie, suivi de la fin de la suprématie française en Europe et du début de la prépondérance anglaise. Des personnalités comme Voltaire, J.-J. Rousseau, B. Franklin ont certainement marqué leur époque de même que Frédéric II de Prusse, Lavoisier, Diderot et Goethe.

1 Une civilisation nouvelle

Au XVIIIe siècle, on assista au commencement du capitalisme, au développement du commerce, au début de l'industrialisation, à un engouement pour les sciences, à la découverte de nouvelles techniques, à des inventions de toutes sortes, à l'amélioration de la médecine et à l'adoption d'une meilleure alimentation. 

londontoyfactoryPar ailleurs, la société française s'ouvrit aux influences extérieures, particulièrement à celles venant de l'Angleterre devenue la première puissance mondiale. Le parlementarisme et le libéralisme anglais attirèrent l'attention, de même que la guerre de l'Indépendance américaine, ce qui permit l'acquisition d'un nouveau vocabulaire. Parallèlement,  le développement de la presse fut à la fois la conséquence et la cause de cette curiosité générale, ainsi que de la contestation qui se répandait graduellement dans la société. 

2 L'obstruction de l'école

L'école fut l'un des grands obstacles à la diffusion du français. L'État et l'Église estimaient que l'instruction était non seulement inutile pour le peuple, mais même dangereuse. Dans l'esprit de l'époque, il apparaissait plus utile d'apprendre aux paysans comment obtenir un bon rendement de la terre ou comment manier le rabot et la lime que de les envoyer à l'école. Pour l'Église, le désir de conquérir des âmes à Dieu ne passait pas par le français; au contraire, le français était considéré comme une barrière à la propagation de la foi, et il fallait plutôt s'en tenir aux «patois» intelligibles au peuple.

De toute façon, il n'y avait pas ou fort peu de maîtres capables d'enseigner le français. La plupart des maîtres d'école étaient de «pauvres hères», des miséreux qui travaillaient moyennant une très faible rétribution et qui devaient souvent servir la messe, sonner les cloches ou faire office de sacristain, voire accomplir des tâches ménagères. S’ils connaissaient le français, cela ne voulait même pas signifier qu'ils pouvaient l'écrire. Enfin, dans les collèges et universités, l'Église s'obstinait à utiliser son latin comme langue d'enseignement. Dans de telles conditions, on ne se surprendra pas que l'école devint même la source principale de l'ignorance du français chez le peuple.

3 L'amorce des changements linguistiques

Précisons quelques mots encore sur l'état de la langue standard, c'est-à-dire celle du roi. La norme linguistique commença à changer de référence sociale. On passa de «la plus saine partie de la Cour» de Vaugelas aux «honnêtes gens de la nation». L'usage des écrivains du XVIIIe siècle ne montra pas de changements par rapport au XVIIe siècle, mais la phrase (syntaxe) s'allégea encore. Peu de modifications apparurent également au plan de la prononciation, à l'exception de la restitution des consonnes finales dans des mots comme finir, tiroir, il faut, etc., remises à l'honneur grâce à l'écrit.

Dans l'orthographe, c'est à partir de 1740 que l'actuel accenDict1694_academiet aigu fut systématiquement utilisé en lieu et place de la graphie es-, par exemple dans dépit (ancienne graphie : despit). L'édition de 1762 du Dictionnaire de l'Académie consacra l'instauration de l'orthographe moderne et le principe définitif de l'origine étymologique des mots. L'appauvrissement du vocabulaire, noté au XVIIe siècle, ne répondait plus à l'esprit encyclopédique du siècle des Lumières. Ce fut une véritable explosion de mots nouveaux, notamment de termes techniques savants, puisés abondamment dans le grec et le latin. 

 

Voltaire explique ainsi l'universalité du français en son temps, en se fondant sur les qualités internes du français: 

''La langue française est de toutes les langues celle qui exprime avec le plus de facilité, de netteté, de délicatesse tous les objets de la conversation des honnêtes gens.''

Non seulement le français servit comme instrument de communication international en Europe, au surplus normalisé et codifié, mais il constitua également un moyen d'identification pour les gens instruits. Connaître le français, c'était faire preuve de son appartenance au cosmopolitisme de son temps et, par le fait même, de son rang. Ce n'est pas un hasard si plusieurs «pères de l'Indépendance» américaine, dont Benjamin Franklin, John Adams, Thomas Jefferson, Robert Livingston, etc., seront des francophiles bilingues ou polyglottes. 

 

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