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Le Jardin de Delphine
30 décembre 2010

Jean de la Fontaine

230px_La_Fontaine_par_RigaudLe XVIIe siècle compte deux grands courants littéraires tout à la fois concurrents mais aussi complémentaires : le classicisme et la littérature baroque. 

Jean de La Fontaine est un poète français de la période classique dont l'histoire littéraire retient essentiellement les Fables et dans une moindre mesure les contes licencieux. On lui doit cependant des poèmes divers, des pièces de théâtre et des livrets d'opéra qui confirment son ambition de moraliste.

J'apprécie beaucoup La fontaine et je lis souvent ses fables et contes instructives. Il a écrit de nombreuse phrases savantes, qui sont devenus les proverbes maintenant.

  • Il faut autant qu’on peut obliger tout le monde : On a souvent besoin d’un plus petit que soi. (Le Lion et le Rat, II, 11)
  • Tel est pris qui croyait prendre. (Le Rat et l'Huître, VIII, 9)

  • Rien ne sert de courir ; il faut partir à point. (Le Lièvre et la Tortue, VI, 10)

  • Que de tout inconnu le sage se méfie. (Le Renard, le Loup et le Cheval)

  • Si Dieu m’avait fait naître propre à tirer marrons du feu, certes marrons verraient beau jeu. (Le Singe et le Chat, IX, 17)

Aujourd'hui j'ai lu une fable de La Fontaine: "Le Chêne et le Roseau"

Le Chêne et le Roseau

Jean de la Fontaine

Le Chêne un jour dit au roseau :

Vous avez bien sujet d'accuser la Nature ;

Un Roitelet  pour vous est un pesant fardeau.

Le moindre vent qui d'aventure

Fait rider la face de l'eau,

Vous oblige à baisser la tête :

Cependant que mon front, au Caucase pareil,

Non content d'arrêter les rayons du soleil,

Brave l'effort de la tempête.

Tout vous est aquilon ; tout me semble zéphir.(*)

Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage

Dont je couvre le voisinage,

Vous n'auriez pas tant à souffrir :

Je vous défendrais de l'orage ;

Mais vous naissez le plus souvent

Sur les humides bords des Royaumes du vent. 

La Nature envers vous me semble bien injuste.

Votre compassion, lui répondit l'Arbuste ,

Part d'un bon naturel ; mais quittez ce souci.

Les vents me sont moins qu'à vous redoutables. 

Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici

Contre leurs coups épouvantables

Résisté sans courber le dos ;

Mais attendons la fin. Comme il disait ces mots,

Du bout de l'horizon accourt avec furie

Le plus terrible des enfants

Que le Nord eût porté jusque-là dans ses flancs.

L'Arbre tient bon ; le Roseau plie.

Le vent redouble ses efforts,

Et fait si bien qu'il déracine

Celui de qui la tête au ciel était voisine,

Et dont les pieds touchaient à l'empire des morts.

(*)l'aquilon est un vent du nord, violent et froid, le zéphyr un vent léger et agréable.

Cette fable est un chef-d'oeuvre , et La Fontaine lui-même la mettait au rang de ses meilleures, au dire des écrivains qui ont fait son éloge. Le poète a suivi les idées. que le sujet présente naturellement : c'est ce qui fait la vérité de son récit. Mais il a su revêtir ce fonds de tous les ornements qui pouvaient lui convenir : c'est ce qui en fait la beauté. Ses pensées, ses expressions, ses tours, forment un accord parfait avec le sujet : toutes les parties en sont assorties et liées, au dedans par la suite et l'ordre des pensées, au dehors par la forme du style, et nous présentent parce moyen un tableau de l'art, où tout est grâce et vérité. Joignez à cela le sentiment qui règne partout, qui anime tout d'un bout à l'autre. Cette pièce a tout ce qu'on peut désirer pour une fable parfaite.

Si on suppose que ces deux plantes se parlent, on sent que le Chêne doit parler avec hauteur et avec confiance, le Roseau avec modestie et simplicité; c'est encore la nature qui le demande. Cependant, comme il arrive presque toujours que ceux qui prennent le ton haut sont des sots, et que les gens modestes ont raison , on ne serait point surpris ni faché de voir l'orgueil du Chêne abattu, et la modestie du Roseau préservée. 

Dans la vie quotidienne, on voit partout les examples de chênes et de roseaux. Les orgueilleux sont souvent frappé par terre à la fin du compte, mais les modestes connaissent mieux l'art de se tenir longtemps, et ainsi ils survivent les grands. Dans cette fable, La Fontaine, pour mieux frapper les orgueilleux, donne au chêne un ton de protection insolente et le jette aux pieds de celui que sa bienveillance voulait humilier.

Le destin du chêne et du roseau est celui des grands et des petits, comme le montre l'illustration jointe :

cheroseau

Il nous faut donc retenir par coeur cette devise: 

 Je plie, et ne romps pas.

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